Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre XXX

 

XXX

La douleur la réveilla. Elle prit une grande inspiration et ressentit aussitôt un violent élancement dans la poitrine qui lui arracha un cri. Elle pensa qu'elle devait avoir une côte cassée. Lorsqu'elle parvint à limiter ses efforts pour respirer, elle tenta de se relever. Chaque battement de son cœur pulsait dans sa tête, chaque mouvement lui était douloureux. Manouba l'aida à se redresser, mais lui interdit de se relever.
J'ai bien cru qu'il allait te tuer aussi.
Le rêve lui revint en mémoire, limpide et avec une impression de réalité qu'elle n'avait jamais connue.
Je crois qu'il a bien failli y arriver. J'ai fait un rêve surprenant.
Oui, nous t'avons entendue. C'était inquiétant, au début, tu rêvais fort, puis c'est comme si tu t'étais éloignée. Nous avons cru te perdre et puis tu es revenue. Mais là aussi, c'était curieux, il y avait comme une autre voix avec toi...
Une autre voix ?
Iloée s'approcha.
Oui, c'est très étrange. J'ai cru un instant que tu étais avec Xartak.
Manouba confirma. Litak se souvint du début de son rêve, lorsque Manouba lui demandait de rester.
Je me souviens t'avoir entendue me demander de ne pas partir et me dire que la mort de Xartak n'était pas de ma faute...
C'était au début de ton rêve... Je ne savais pas que tu pouvais nous entendre dans tes rêves.
Litak resta songeuse. Est-ce que tout son rêve avait été réel ? Avait-elle vraiment parlé avec Sharle ? Comment serait-ce possible, elle n'avait jamais parlé à personne durant ses rêves et pourtant, cela avait l'air si réel.
Je ne le savais pas moi-même. Mais c'était vraiment déconcertant...
Les autres la regardaient à la fois heureux de la retrouver, mais inquiets de ce qu'ils avaient perçu pendant qu'elle gisait inanimée.

Elle revint à des préoccupations plus pragmatiques.
Combien ont pu fuir ?
Iloée s'empressa de répondre :
Siléa a été reprise, sinon tous ceux qui sont partis doivent être libres. Tu aurais pu fuir si tu avais abandonné Lazaée. Merci d'avoir sauvé ma fille.
J'aurais aimé en aider plus.
Manouba la rassura :
Mais tu en as déjà fait tant pour le clan et tu as déjà bien souffert pour ça, que pouvais-tu faire de plus ?
Il m'a semblé entendre Lazaée crier. J'ai cru qu'ils l'avaient rattrapée.
Ils ne l'ont pas rattrapée, mais ils ont perdu encore un homme. Un de ceux qui les ont poursuivis n'est jamais rentré.
Ménia désigna Farabert :
Le petit jeune là, est revenu blessé, une estafilade au bras. Moi aussi, j'ai entendu Lazaée crier. Je crois que l'un d'entre eux l'a bien rattrapée, mais que ce jeune homme l'a aidée. Il a été blessé par une arme et les nôtres n'en avaient pas. Et puis, lorsqu'il est rentré, j'ai perçu qu'il était heureux. Il était blessé, n'avait rattrapé personne, mais il était heureux.
Litak se souvint qu'il ne se mêlait jamais aux autres rafleurs et que ceux-ci le méprisaient... Et puis, elle se souvint d'avoir vu Kratak avec une épée, le corps du rafleur, tué par une petite lame, le petit couteau de Farabert toujours à sa ceinture...
Je crois que tu as raison.

— Debout les lézards ! On y va !
L'homme s'avança au milieu des orques, saisit Litak par le bras et la força à se lever sans ménagement. Sa côte brisée lui provoqua une violente douleur, mais l'homme n'en avait cure.
— Halbair a un programme spécial pour toi !
Il la traîna à l'autre bout du campement et la jeta aux pieds du chef des rafleurs. Celui-ci semblait soucieux. Il attrapa Litak par la gorge pour la relever et serra si fort qu'elle ne pouvait plus respirer.
— Tu m'as déjà causé bien des soucis, mais c'est fini. Tu vas voyager avec moi maintenant. Il la jeta au sol et lui ligota les mains dans le dos, puis il lui attacha une corde autour du cou, dont il garda l'autre extrémité dans la main.
Un autre rafleur arriva avec Siléa. Halbair la ligota comme Litak.
— Désormais, nous voyagerons ensemble. Vous irez où je voudrai. Plus de bavardages avec vos amis, plus de tentative d'évasion.

Il tira d'un coup sec sur les cordes les obligeant à avancer et arrachant un cri de douleur à Litak. Il tira à nouveau sur la corde pour l'obliger à s'approcher de lui. Il serra la corde autour de son cou.
— Tu vas vite comprendre qui est ton maître.

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