Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LXXXVI

 

 LXXXVI

Ils remontèrent le chemin pour rejoindre les leurs et ils perçurent rapidement les appels de Corg, de Urog et même de Mallog, bien avant de voir leurs amis. Sharle aurait aisément pu les rassurer, mais il ne voulait pas briser ce moment de grâce où elle était dans ses bras et se serrait contre lui un peu plus que nécessaire. Puis, au détour d'un virage, ils virent Corg et Urog qui fouillaient le ravin du regard. Litak les appela et ils relevèrent la tête, surpris et heureux. Corg se précipita vers eux, prit sa fille dans ses bras et la serra contre lui, comme s'il voulait s'assurer ainsi que ce n'était pas une illusion. Urog donna l'accolade à Sharle.
Corg fit un signe de tête à Sharle pour le remercier aussi. D'autres orques arrivèrent, guerriers, mères et enfants. Lorsqu'ils virent Litak, tous manifestèrent leur joie, qui en riant, qui en hurlant ou en se serrant les uns les autres.

Ils remontèrent le chemin, vers le lieu de l'attaque. Sharle marchait aux côtés de Urog, regrettant déjà Litak.
Désolé de vous avoir abandonné au milieu de la bataille.
Ne le sois pas, aucun orque n'aurait pu secourir Litak sans se noyer. Tu étais le seul à pouvoir le faire. Qu'est devenu leur chef ?
Il est mort. Je l'ai tué alors qu'il tentait de noyer Litak.
J'aurais aimé le tuer de mes propres mains, mais c'est le cas de la plupart d'entre nous. Il ne sévira plus désormais, c'est cela qui importe.

Lorsqu'ils arrivèrent sur le lieu de la bataille, ils purent constater à quel point elle avait été rude. Gorak et Arkog avaient commencé à empiler les cadavres des soldats des Belles Landes. Martog était blessé, mais rien de grave apparemment. Une orque d'âge mûr soignait Darlak, victime d'une entaille assez profonde sur le bras. Mallog avait perdu un bout de corne et avait une plaie sur le visage, ce qui ne l'empêchait pas de sourire. Bratak semblait indemne, mais le bouclier qu'il portait encore sur sa poitrine était en piteux état.

Litak reconnu Drack et Ostarog. Ils se tenaient à genoux devant le corps de Zoltog. Elle s'approcha lentement en boitant, refusant de croire que ce guerrier qui lui avait paru serein et déterminé à Mont Noir puisse avoir succombé aux assauts des hommes. Elle s'agenouilla comme ses compagnons de captivité, saisit la main du gisant.
Va en paix mon ami. Tu es mort en guerrier, brave, fier et libre. Les orques se souviendront de toi, Zoltog l'Inébranlable.
Drack et Ostarog acquiescèrent.
Elle se releva et continua sa progression, soutenue par Sharle. D'autres orques étaient morts aux côtés de Urog, dont elle ne connaissait pas les noms. Elle s'arrêta devant chaque corps pour les effleurer et leur dire quelques mots. Elle qui s'était montrée si forte durant toutes ces épreuves se laissa aller à pleurer sur les corps de tous ces braves, tombés pour défendre leur liberté. Arrivée au milieu de leur dispositif, elle aperçut des mères éplorées sur trois corps, trop petits pour être des guerriers. Elle s'effondra devant eux et pleura bien plus qu'elle ne s'en serait crue capable, pendant qu'elle leur adressait un dernier message.

Bénobog était occupé à soigner les nombreux blessés, assistés par Farabert et Radgog, qui se démenaient pour trouver de l'eau fraîche et des plantes médicinales.
Le jeune homme était blessé au bras et le novice saignait d'une oreille, dont la pointe était sectionnée, mais ils faisaient tout leur possible pour assister les autres et Litak leur en fut reconnaissante. Elle vit aussi les novices Zartog, Tragog et Ragox qui allaient d'un rescapé à l'autre pour s'informer de leurs besoins.

Enfin, elle parvint sur la zone de combats défendue par Sharle et ses soldats. Orkrag gisait sur les corps d'une dizaine de rafleurs et ses amis Grabog et Trogak se recueillaient devant sa dépouille, Siléa se tenait à côté, la main posée sur l'épaule de Trogak pour le soutenir. Ce geste surpris Litak et elle en vint à penser que la jeune orque avait peut-être trouvé son chasseur de tarnug. Puis, elle se souvint de son amie, fronde en main, repoussant les rafleurs comme une véritable guerrière. Elle aussi avait bien changé.

Un soldat dont le visage lui était familier se présenta devant Sharle :
— Monseigneur, nous sommes venus aussi vite que possible, dès que la demoiselle nous a avertis, mais j'ai bien peur que nous ne soyons arrivés trop tard.
— Tu n'imagines pas à quel point ton aide nous a été précieuse.
Sharle donna l'accolade à son officier.
— Sans vous, nous étions perdus.
— Monseigneur, nous n'avons fait que notre devoir.
Il salua Sharle et se rendit auprès de ses soldats.

 

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