Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LXXXVII
LXXXVII
Ils avaient confectionné des brancards de fortune pour transporter les corps de ceux qui avaient donné leur vie pour leur liberté. Les soldats des Belles Landes rescapés avaient été réquisitionnés pour cette tâche. Sharle avait demandé que ces soldats soient bien traités. Ils seraient jugés à Valfond pour leurs fautes, mais ils n'étaient pas à mettre dans le même panier que les rafleurs, qui eux, avaient agi pour leur profit, connaissant parfaitement les lois de la seigneurie.
La nuit tombait lorsqu'ils arrivèrent au campement du clan.
— Litak ! Siléa !
Lazaée arriva comme une furie et enlaça la demi-orque et son amie.
— C'est bien toi ? C'est bien toi qui es venue me parler ?
Elle relâcha la métisse lorsqu'elle la vit grimacer.
— Oh ! Désolée, j'ai oublié à quel point il t'a frappé.
— Ce n'est rien, je suis contente de te voir.
Elle n'eut pas le temps d'en dire plus, les rescapés du clan accoururent pour les accueillir.
La nuit tombait, mais ils prirent le temps d'inhumer leurs morts selon les traditions des clans. Bénobog leur accorda la cérémonie rituelle qui permettrait à leur esprit de poursuivre leur voyage en paix. Des témoins vinrent conter à l'assemblée leurs exploits, pour que la Nation reconnaisse la valeur des défunts et que leurs proches comprennent qu'ils avaient donné leur vie pour une cause supérieure.
Tous partagèrent les maigres provisions qu'avaient pu récolter les rescapés du clan. Personne ne fut rassasié, mais ce simple et frugal repas était pour beaucoup le premier pris en orque libre, ce qui lui donnait une saveur particulière.
Siléa
et Trogak se tenaient côte à côte et la compagne de Darlak assaillait
le soldat de Valfond de questions, pendant que Maniléa inspectait les
blessures de son père.
À la lumière du feu, Sharle trouva quelques
plantes médicinales. Il broya des feuilles sur une pierre plate et
commença à appliquer cette bouillie sur les blessures de Litak. Elle
serra les dents, puis, la douleur se calmant, elle finit par se
détendre. Sharle s'installa à côté d'elle contre un gros rocher et elle
s'endormit rapidement dans ses bras. Corg les observait, étonné de
constater à quel point sa fille avait changé en quelques jours.
Jusque-là si réservée et n'osant pas se montrer face à des étrangers, la
voilà qui s'endormait dans les bras d'un homme qu'elle n'avait vu
jusque-là que durant quelques heures.
Manouba s'approcha de lui.
— Je crois qu'elle a trouvé son chasseur de tarnug.
— Pardon ?
—
Lorsque nous sommes arrivés dans notre vallée, Mallog a chassé un
tarnug pour plaire à Zanéa. Litak se demandait alors qui chasserait le
tarnug pour elle.
Cette idée lui glaça le sang.
— Mais c'est un humain ! Elle ne peut pas être la compagne d'un humain !
—
Pauvre idiot ! Toi, tu es bien le compagnon d'une humaine ! Ta fille
est à moitié humaine, pourquoi ne pourrait-elle pas choisir un homme
plutôt qu'un orque ?
— Mais...
— Et tu connais beaucoup de fiers guerriers qui se seraient jetés comme lui dans ce torrent pour aller la secourir ?
— Mais...
— Et puis, c'est un fils de chef, futur chef. Tu connais d'autres fils de chefs qui en feraient autant pour elle.
— Mais... C'est ma fille !
Les
pièces du puzzle se mirent en place dans son esprit. Sharle
communiquait comme un orque, il avait fait tout son possible pour sauver
le clan, faisant preuve d'une détermination insolite pour un étranger
et dernier élément et non des moindres, sa fille pouvait lui parler en
rêves, alors que lui-même était incapable de la comprendre dans ces
circonstances.
— Et comme tous les parents, tu vas devoir apprendre à la laisser partir...
Il
les regarda encore. Ils semblaient si bien, si paisibles ensemble... Il
haussa les épaules et se chercha un endroit pour se reposer.
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