Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitres LXXV et LXXVI

 

LXXV

Les soldats des Belles Landes continuaient d'avancer, piques pointées en avant. Ils s'approchaient beaucoup trop des non-combattants et Urog ne supportait plus d'être contraint à reculer.
Mes amis, nous ne pouvons plus reculer. Nous allons devoir combattre comme les guerriers que nous sommes ! Je vais jeter le dernier rocher et nous en profiterons pour charger. Méfiez-vous de leurs lances et battez-vous comme des narzal !
Les guerriers du clan répondirent comme un seul orque par un cri de guerre puissant, qui fit vibrer les armures humaines.

Urog se saisit du dernier rocher. Il ne chercha pas à le jeter sur les têtes, mais plutôt à le faire rouler avec un maximum de vitesse. Il le fit pivoter sur son côté et le lâcha en direction des hommes. Le rocher enfonça les rangs des Belles Landes sur quatre rangs et les orques chargèrent en puissance, bousculant les hommes et taillant dans la masse avec leurs haches puissantes. Les anciens captifs, armés d'épées, suivaient de près, profitant de la désorganisation des hommes et de l'élan des guerriers du clan pour éliminer les soldats isolés sur les côtés de l'attaque. Paniqués, les humains se replièrent plus bas, là où la largeur du chemin leur permettrait de profiter de leur nombre pour effectuer une manœuvre enveloppante.
Les guerriers ne tombèrent pas dans le piège. Ils se replièrent là où le passage était le plus étroit et favorisait la défense. Pendant que les guerriers du clan formaient un mur de haches et de cornes, les survivants de Mont Noir récupérèrent les rochers qui leur avaient été si précieux jusque-là.

 LXXVI

Les combats s'étaient calmés depuis un bon moment, mais Litak savait que cela ne présageait rien de bon. Leurs adversaires devaient se réorganiser et imaginer de nouvelles tactiques. Elle n'était pas encore entièrement remise de ses efforts et elle peinait encore à faire deux pas sans tomber. Elle espérait simplement pouvoir se défendre lorsque le moment serait venu. Elle avait bien demandé de l'aide, mais les renforts avaient un long chemin à parcourir avant de pouvoir les secourir et, bien que tous fassent leur maximum pour contenir les assauts des humains, elle ne pensait pas qu'ils puissent les repousser indéfiniment.

Elle voyait Sharle en amont, qui réorganisait ses troupes : les combattants en première ligne, les petits fantassins en seconde ligne et Radgog et Farabert pour combler les brèches. Il avait en outre fait déplacer des rochers pour barrer la route aux rafleurs et réduire sa ligne de défense. Siléa lui avait proposé de tirer avec ses frondeurs sur les imprudents qui oseraient escalader ces murailles improvisées. De l'autre côté, Urog, son père et les autres tenaient bon. Les soldats ennemis avaient subi de lourdes pertes et Litak supposait qu'ils seraient moins motivés maintenant pour se lancer à l'assaut. Qu'avaient-ils à gagner dans cette histoire ? Elle supposait que Halbair leur avait demandé de l'aide, moyennant quelques rétributions, mais le jeu en valait-il encore la chandelle ? Les rafleurs en revanche, avaient tout à perdre. Ils étaient en territoire de Valfond, leur seul espoir de regagner leurs terres étaient de franchir l'obstacle que représentait Sharle. En outre, ils risquaient d'être pris en tenaille par les renforts – mais se doutaient-ils seulement que ces renforts arriveraient bientôt ?

Elle se dirigea vers Sharle en chancelant, soutenue par Lina et Laïna, pour lui faire part de ses réflexions. Au passage, elle saisit une épée, dont elle pensait hélas qu'elle lui serait bientôt utile.
Sharle n'avait pas eu le temps de penser à autre chose qu'à leur défense. Il admit que Litak avait certainement vu juste. Comment pouvait-il pousser les troupes des Belles Landes à abandonner l'affaire ? Il confia la défense du périmètre à Trogak et il traversa avec la métisse leur position pour aller en parler à Urog et Corg. Les guerriers furent du même avis : Ces soldats ne semblaient pas préparés pour une bataille. Ils étaient armés et entraînés, mais ils n'avaient pas d'archers. Ils ne devaient pas s'attendre à une telle opposition,
Sharle décida de tenter une négociation. Il commença par reprendre son rôle de Hurleur. Il émit des images des troupes de Valfond qui arrivaient par le col des dents, qui prenaient les rafleurs à revers, les emportant dans leur élan et les écrasant sur leur passage, puis ces troupes furieuses se joignaient à lui, ainsi qu'aux guerriers du clan et aux rescapés de Mont Noir, bousculant et anéantissant la colonne des Belles Landes. Il insistait bien sur l'importance des renforts et sur la défaite des hommes, rafleurs et soldats des Belles Landes. Les guerriers du clan eux-mêmes furent remotivés par le message.

Comme en réponse à son message, le son d'un cor retentit au loin en amont. Sharle estima qu'il leur faudrait encore une bonne heure pour arriver, mais cela renforçait fort à propos le message qu'il avait voulu faire passer. Il s'approcha alors en vue des soldats adverses :
— Soldats des Belles Landes ! Je suis Sharle de Valfond ! Je suis celui qui vous a commandés durant la reconquête et je suis aussi celui qui commande ceux que vous tentez d'attaquer. Ce combat n'est pas le vôtre ! Vous avez déjà subi de lourdes pertes et vous en subirez à nouveau si vous tentez encore de nous attaquer. Ne persistez pas dans cette folie et retournez chez vous. Vous êtes ici sur mes terres et vous avez agressé des citoyens de Valfond. Ceci est votre dernière chance de rentrer chez vous ! Mais quiconque sera assez fou pour se présenter armé devant nous sera tué !
Les orques derrière lui brandirent leurs armes au-dessus de leurs têtes en poussant à nouveau un féroce cri de guerre, qui résonna en écho durant de longues secondes, donnant l'illusion qu'ils étaient partout dans la vallée.

Les défenseurs se retirèrent derrière le virage. Sharle interrogea Urog et Corg :
Qu'en pensez-vous ? Ils vont s'acharner ou se retirer ?
Urog réfléchit un instant.
Tu nous avais envoyé ce genre de message durant la guerre et tu as réussi à nous repousser alors que nous étions supérieurs en nombre et en puissance. S'ils sont un peu sensés, ils devraient en faire autant. À quoi bon persister alors qu'ils ont déjà eu de nombreux morts et que les renforts arrivent.
Corg semblait de cet avis, mais il se méfiait tout de même :
Mais les humains ne sont pas logiques. On ne peut pas se fier à eux. Ils ont parfois de ces coups de folie qui les rendent complètement imprévisibles.
Il fixa Sharle :
Tu en es la meilleure preuve : qui, à part un homme, peut être assez stupide pour attaquer toute une armée orque avec à peine la moitié d'humains, en espérant vaincre ?

 

 

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