Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LXIV
LXIV
Le vieil orque passa devant eux et ils le suivirent, revenant sur leurs pas, jusqu'à la porte où Sharle avait laissé Trogak et Grabog. Là, ils empruntèrent un petit passage dérobé que Sharle n'avait pas remarqué à l'aller. Ils débouchèrent dans un nouveau couloir où toutes les portes avaient été démontées. Le chaman ne put retenir une exclamation de surprise.
Trogak
et Grabog surgirent de l'encadrement d'une porte, prêts à interdire le
passage. Lorsqu'ils aperçurent leur capitaine, ils baissèrent leurs
haches.
— Mon seigneur, nous avons trouvé ces dames et demoiselles. Ce qui se passait ici n'était qu'une ignominie !
Sharle percevait une profonde colère froide, il voulait bien savoir de quoi il retournait, mais le temps pressait.
— Tu m'expliqueras tout ça plus tard, pour l'instant, nous devons
quitter cet endroit au plus vite, avant que Halbair ne revienne avec le
reste de ses hommes. Nous devons assurer la sécurité de tous ces gens et
les faire évacuer vers Valfond. Dans ces conditions, nous ne pouvons
pas nous permettre d'engager le combat.
Grabog et Trogak comprenaient parfaitement la situation.
— Bien monseigneur, nous attendions votre retour pour mettre le feu à
la machine, nous craignions que les fumées dégagées par les flammes ne
nous gênent pour trouver la sortie.
— Bien. Allez démarrer le feu. Dès qu'il sera bien parti, sauvez-vous de là et rejoignez-nous dans la cour.
Sharle et ses soldats guidèrent les captifs vers la sortie, prenant garde d'ouvrir toutes les portes qu'ils croiseraient. Ils libérèrent encore quelques prisonniers et remontèrent en courant vers la cour. Lorsqu'ils y arrivèrent, Sharle constata que des combats y avaient eu lieu. Des hommes armés avaient tenté d'éliminer les orques restés auprès de Litak. Ils étaient pour la plupart morts, criblés de flèches, les quelques-uns qui étaient parvenus au contact avaient succombé aux coups de haches.
Farabert
réapparut par la porte de derrière, accompagné par Mallog et Atarog,
les deux plus jeunes guerriers du clan. Derrière eux, quatre jeunes
malheureuses orques apeurées. Martog vint à leur rencontre :
— D'où venez-vous ?
— Nous avons vu Farabert se précipiter vers l'extérieur. Dans le doute,
nous l'avons suivi et nous sommes tombés sur des rafleurs qui tentaient
de fuir avec ces jeunes filles. Ils n'iront nulle part maintenant.
Sharle s'approcha de Corg :
— Comment va-t-elle ?
— Elle semble dormir comme lorsqu'elle n'était qu'un bébé. Rien n'a réussi à la réveiller.
Sharle lui prit la main, resta silencieux un instant, puis, il tenta de
communiquer avec elle par les gammes. Il se rendit vite compte que
l'affaire était bien plus compliquée que ce qu'il aurait cru.
— Repose-toi, prends ton temps. Nous te ramenons chez toi.
Il
n'en était pas certain, mais il lui avait semblé qu'elle serrait sa
main dans la sienne. Il la relâcha à regret et se dirigea vers le centre
de la cour.
— Orques qui êtes à nouveau libres, je me présente. Je suis Sharle de Valfond. Je suis venu avec des guerriers du clan de la Forêt Sombre et quelques soldats de Valfond pour libérer deux filles du clan. Vous êtes à nouveau libres maintenant ! Le clan de la Forêt Sombre, mes soldats et moi-même, nous allons maintenant regagner les terres de Valfond et nous vous conseillons de nous accompagner. Halbair de Mont Noir va certainement bientôt revenir avec ses hommes. Ils ont des alliés ici sur les terres des Belles Landes et nous ne serons pas assez nombreux pour engager le combat avec eux. Nous devons nous replier et nous vous invitons à nous suivre. À Valfond, vous serez en sécurité et de là, vous pourrez envisager l'avenir comme bon vous semble.
Un orque d'âge mûr l'interpella :
—
Pourquoi devrions-nous faire confiance au Hurleur ? Tu nous as
combattus pendant la guerre, pourquoi nous aiderais-tu aujourd'hui ?
— Parce que je n'ai pas envahi vos terres, parce que j'ai fait soigner
et libérer vos guerriers blessés et enfin parce que je suis venu ici,
avec les guerriers du clan de la Forêt Sombre pour libérer deux de leurs
filles, enlevées sur mes terres par Halbair et ses hommes.
L'orque
voulut à nouveau manifester sa méfiance, mais Sharle, jugeant qu'ils
n'avaient pas de temps à perdre en bavardages, ne lui laissa pas le
couper :
— Je ne force personne à nous accompagner. Vous avez
récupéré des armes pour vous libérer et vous pouvez les garder, ne
serait-ce que pour vous défendre, si jamais Halbair nous rattrapait.
Encore une fois, si je suis venu vous libérer, ce n'est pas pour faire
de vous mes esclaves. Il n'y a pas d'esclaves à Valfond.
Urog jugea bon d'écourter :
—
C'est très simple : vous êtes libres de faire ce qui vous plait. Nous,
nous retournons à Valfond, où Sharle nous a accueillis, alors que nous
avions été chassés de nos terres par le clan de la Rivière Rouge. Il
nous a aidés à libérer nos compagnes et nos enfants, capturés par ces
rafleurs et il nous a accompagnés ici pour nous aider à récupérer nos
filles, que Halbair était parvenu à amener ici. Nous aurions pu nous
contenter de récupérer Siléa et Litak, mais nous avons choisi de prendre
le risque de tous vous libérer. Maintenant, vous pouvez tenter votre
chance contre Halbair et ses renforts, ou nous suivre, c'est votre choix
et nous le respecterons. Mais quoi que vous décidiez, faites-le vite,
car nous partons maintenant.
Sur ce, il se retourna vers ses guerriers :
— Récupérez vos affaires, nous partons.
Le
clan de la Forêt Sombre se regroupa au milieu de la cour. Les soldats
de Valfond les rejoignirent, après que les archers aient récupéré leurs
flèches : ils ne devaient laisser aucune preuve d'une intervention des
troupes de Valfond sur les terres des Belles Landes.
Farabert, Lina,
Laïna et Radgog se mêlèrent au groupe, suivis par Bénobog, puis par
celles que Trogak et Grabog avaient libérées. Drack, Doprag, Ostarog et
Zoltog qui avaient côtoyé Litak et avaient eu l'occasion d'apprécier sa
détermination, suivirent avec leurs proches qu'ils avaient pu retrouver
et bientôt, ceux qui doutaient encore furent minoritaires et, malgré
leur méfiance, ils finirent par accepter de les suivre, sans pour autant
accorder pleine et entière confiance en cette association, pour le
moins étrange, du Hurleur et de son ennemi juré, la Mort de Babunta.
Trogak et Grabog arrivèrent enfin dans la cour. Darlak qui se tenait à
côté de sa fille, fut surpris de percevoir un grand soulagement chez
elle lorsque les deux soldats se montrèrent, il ne releva pas, mais il
fut contrarié lorsqu'il vit le plus grand des deux accorder à Siléa un
sourire chaleureux... Trop chaleureux à son goût.
Sharle fit un signe et la foule se mit en marche à sa suite. Lorsqu'ils atteignirent la forêt à flanc de montagne, le domaine de Halbair de Noir Mont éclairait la nuit, dévoré par les flammes.
Commentaires
Enregistrer un commentaire