Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre XLVI

 

 XLVI

Sharle se réveilla avec cette sensation étrange d'avoir perçu Litak, un peu comme lorsqu'elle était venue lui rendre visite près de la falaise des morts, mais elle ne lui avait pas parlé. Elle était loin et elle semblait occupée.
Rapidement, quelque chose lui sembla incongru. Il dut se concentrer pour identifier l'anomalie. Et il aperçut Trogak et toute une escouade des recrues orques qu'il avait entraînés. Ils arrivaient tranquillement en tenue traditionnelle des clans et seules leurs haches pouvaient trahir leur provenance de Valfond. Il se leva et s'approcha de Trogak :
— Mais que faites-vous là ?
Trogak se mit au garde à vous.
— Mon seigneur, nous avons pris sur nous de venir vous aider dès lors que les renforts sont arrivés au village du clan. En chemin, nous avons croisé ceux que vous avez libérés. Il se tourna vers Urog :

Urtak nous charge de vous informer qu'à part Litak et Siléa, tous sont libres. Anala et Inaée vous saluent.
Il se tourna à nouveau vers Sharle :
— Les guerriers que nous avons croisés ont bien voulu échanger nos uniformes contre leurs tenues, ce qui nous permet de ne pas impliquer la seigneurie dans notre aventure.

Un peu de renfort ne leur ferait pas de mal, étant donné ce qu'ils devraient affronter s'ils voulaient délivrer les deux jeunes filles. Néanmoins, Sharle avait une inquiétude :
— Comment nous avez-vous retrouvés ?
— Mon seigneur, lorsque nous avons descendu la vallée des dents, nous avons croisé des archers qui remontaient. Ils nous ont accompagnés jusqu'à l'endroit où vous avez bifurqué. De là, nous avons traversé la barre rocheuse, trouvé le gué que vous avez emprunté. Ensuite, grâce à Grabog, nous avons pisté vos traces.

Grabog était le meilleur pisteur de cette promotion, peut-être même de toute la garde. Sharle croyait se souvenir qu'il avait passé toute son enfance à chasser le tarnug au côté de son père. Il décida d'en avoir le cœur net :
— Nos traces étaient-elles faciles à pister ?
— Jusqu'à la rivière blanche, oui. Ce qui nous a permis de trouver facilement le gué. Ensuite, il nous a fallu chercher un peu, puis j'ai retrouvé vos traces à l'orée de la forêt. Entre la rivière et la forêt, il y a trop de passages pour distinguer une trace parmi les autres. Heureusement, Urog possède quelques caractéristiques qui le rendent facile à pister. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir d'aussi grandes traces de pied... Orkrag a brouillé les traces derrière nous. Un bon pisteur sachant quoi chercher pourrait nous retrouver, mais je doute que nous ayons des problèmes de ce côté.

Sharle ne savait plus s'il devait se maudire ou se féliciter. Il n'avait pas songé un seul instant que quelqu'un puisse suivre leurs traces. En soi, cette erreur aurait pu être tragique. Fort heureusement, elle avait permis à ses soldats, pleins d'initiative, de les retrouver et d'assurer leurs arrières.

Les soldats avaient apporté de bonnes nouvelles. Zarmak était arrivé au village avec des troupes et un guérisseur. Ils avaient pris soin de Bratog, assurant qu'il survivrait à ses blessures. Puis Trogak et ses subordonnés avaient demandé l'autorisation de venir en renfort et ils avaient rencontré sur leur route les guerriers et le reste du clan, y compris ceux qui s'étaient enfuis durant la nuit où Xartak était mort. Tous allaient bien, excepté Inaée qui s'était fait une entorse à la cheville en s'enfuyant dans la nuit.

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