Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre XLII

XLII

Farabert avait insisté pour le conduire vers le village et Urog avait insisté pour les accompagner. Sharle savait que le colosse ne faisait toujours pas confiance au jeune homme, mais il pensait qu'avec le temps, la méfiance cesserait. Farabert les avait guidés à travers une forêt dense. Ils avaient attendu la nuit à l'orée du bois, cachés à l'ombre des arbres. Lorsque tout fut enfin calme, ils s'aventurèrent silencieusement au travers du village, passant entre les maisons pour s'approcher de la fortification. En longeant les murs, Sharle tentait de percevoir ce qui se passait derrière, afin d'éviter toute surprise. Mais plus ils s'approchaient du sinistre bâtiment, plus il était submergé par une sensation de malaise, d'angoisse et de peur. Combien d'orques souffraient-ils entre ces murs ? Pourraient-ils seulement les sauver ? Il n'avait aucune certitude, mais ils devaient essayer.

Ils entrèrent dans une petite grange qui donnait sur les murs d'enceinte, Sharle et Urog les observèrent attentivement, afin de repérer la faille qui leur permettrait d'entrer, sans résultat. Farabert les conduisit derrière un muret délabré, d'où ils pouvaient étudier le côté adjacent. Il y avait bien une petite porte, mais elle était encadrée par deux petites tours en haut desquelles deux hommes en armes montaient la garde. Impossible de passer par là sans attirer leur attention. Ils continuèrent à faire le tour de la petite forteresse jusqu'à se trouver cachés derrière une haie, face à la porte principale, équipée d'un pont-levis, d'une herse et défendue par deux tours. Il aurait fallu disposer d'une armée pour la prendre d'assaut.
— De combien d'hommes dispose Halbair ?
Farabert réfléchit un instant :
— Il avait une cinquantaine d'hommes sous ses ordres. Vingt sont allés attaquer le clan, trois seulement en sont revenus. Mais tous ne vivent pas ici, certains vivent plus loin, dans les villages environnants et ne viennent là que si Halbair les fait appeler. Je pense qu'il doit avoir une quinzaine d'hommes ici.
Il désigna tout le village.
— Ils vivent dans ces maisons. Il n'y a que des gardes dans l'école pendant la nuit, mais s'ils donnent l'alerte, les autres peuvent intervenir en très peu de temps et les villages alentours en quelques minutes.

Sharle était inquiet. Prendre cette fortification ne serait pas chose aisée. La moindre erreur pourrait leur être fatale, ils seraient pris en tenaille entre les murs défendus par des archers et le village occupé par des hommes aguerris. Leur petite troupe ne comptait que six combattants et il leur faudrait délivrer nombre de prisonniers et assurer leur sécurité pendant la fuite. Certains d'entre eux seraient peut-être en mesure de combattre, mais rien n'était moins sûr étant donné le traitement que Halbair faisait subir aux plus combatifs.
Il en était là de ses réflexions lorsqu'une troupe d'une dizaine d'hommes fit irruption dans le village. Sharle porta instinctivement la main à son épée, Urog grogna de colère, prêt à défendre sa vie.
Sharle perçut quelque chose d'anormal : ces hommes n'avaient pas une attitude de combat. Il posa sa main sur l'épaule de Urog :

Ils ne savent pas que nous sommes ici. Ils ne sont pas là pour nous. Ne bougeons pas et attendons de voir ce qui se passe.
Le colosse se calma.
Quelques instants plus tard, deux speedruns firent leur entrée au pas dans le village, l'un était monté par un homme, l'autre, manifestement par une femme, habillée d'un long manteau dont la capuche lui recouvrait la tête. Ils s'arrêtèrent devant la plus grosse maison du village, de l'autre côté de la place. Le cavalier aida la femme à descendre de sa monture, alors que Halbair sortait pour accueillir la femme. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle demanda froidement :
— Tu l'as attrapée ?
Sharle était stupéfait. Il reconnaissait cette voix, mais il refusait de croire ce à quoi il assistait.
Halbair répondit chaleureusement :
— Oui, nous venons de rentrer, elle est là. Mais tu aurais pu me dire que c'était une véritable furie. Elle m'a coûté une dizaine d'hommes à elle seule.
Il la fit entrer dans sa maison.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LXXXVI

Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LI