Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre XXXII
XXXII
Ils franchirent un
nouveau col et redescendirent dans une vallée étroite, encaissée entre
deux barres rocheuses, une cicatrice béante dans la montagne qui
saignait une eau glaciale et tumultueuse. Elle se rendit compte que les
rafleurs se détendaient, les plaisanteries fusaient plus souvent, les
rires se déclenchaient plus vite et les discussions sur l'avenir proche
étaient plus fréquentes.
L'un des rafleurs pensait aux suites de cette aventure.
— Tu crois qu'on va pouvoir rentrer dans nos frais ? La récolte n'a pas été aussi fructueuse que prévu.
Halbair cracha aux pieds de Litak.
— Cette chose nous aura coûté cher, c'est sûr, mais crois-moi, je me
rembourserai sur elle. Il tira sur la laisse d'un coup sec et Litak qui
manqua à nouveau de tomber, retint in extremis un cri de douleur. Elle
avait décidé de ne plus offrir ce plaisir à son bourreau et celui-ci,
frustré, redoublait de cruauté.
— Ouais, mais pour ça, il ne faudrait pas la tuer trop vite.
— T'inquiète pas pour elle, elle aura le temps de morfler avant de mourir. J'y veillerai.
Le regard qu'il jeta à la métisse ne laissait aucun doute. Noir comme la nuit, froid comme la mort.
Au
détour d'un virage, la montagne sur le versant opposé se fit beaucoup
plus basse que le chemin qu'ils suivaient, ce qui permit à Litak de
profiter du paysage situé au-delà. Une vaste plaine verte, découpée en
parcelles de cultures. Au loin, ce qui devait être une forêt et à la
limite de l'horizon, une colline noire au bord d'un fleuve.
— Voilà les Belles Landes, dès que nous aurons franchi la frontière, nous serons riches.
— C'est pas trop tôt, j'en ai marre de crapahuter dans ces montagnes !
Litak était épuisée par la marche forcée, ses combats, ses blessures et le manque de sommeil, mais plus que tout, elle ne supportait plus ce qu'elle percevait venant des rafleurs. Les hommes étaient-ils tous aussi mauvais ? Serait-elle toujours considérée comme un monstre malfaisant ? En général, les orques se méfiaient d'elle et préféraient l'ignorer, mais ces rafleurs n'avaient que haine et dégoût envers elle. Et puis, Halbair, l'ignoble et sinistre chef des rafleurs la harcelait sans cesse, ajoutant la douleur à sa fatigue. Elle savait que demain au plus tard son sort et celui de ses compagnons seraient scellés. Étant sous la surveillance constante d'Halbair, elle n'avait trouvé aucune opportunité de tenter quoi que ce soit. Avec la fatigue, la douleur et la présence permanente de ces hommes et de ce qu'elle en percevait, elle commençait à perdre espoir, lorsqu'elle perçut l'appel.
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