Litak du clan de la Forêt Sombre - Chapitre LVIII
LVIII
Tous l'avaient perçue.
Litak était en haut. Ils levèrent les yeux et virent une porte ouverte.
Un homme s'approchait de la cellule en courant, épée à la main. Sharle
comprit la situation. Il hurla :
— Litak ! Non !
Il se précipita
vers les escaliers pour monter, immédiatement suivi par Corg, puis par
Mallog et Urog. La métisse était en danger et ils savaient qu'ils
arriveraient trop tard. Mais pas un rafleur ne survivrait à Litak !
Sharle arrivait devant la cellule ouverte. Pas un cri, pas un bruit. Il y
régnait un silence de mort. Un homme solidement bâti apparut dans
l'encadrement de la porte, son épée était couverte de sang. Sharle
brandit son épée :
— Qu'as-tu fait ?
L'homme tourna la tête
calmement vers lui. Sharle continuait d'avancer. Il s'apprêtait à le
frapper à mort et entendait ses amis du clan courir derrière lui.
L'homme lâcha son arme, tendit la main, paume en avant vers lui et
avança lentement. Il portait Litak de son bras gauche. Sharle
s'immobilisa interdit. Il examina la métisse : visiblement, elle n'avait
pas été blessée. Corg arriva, lança un regard noir au rafleur :
— Rends-moi ma fille !
L'homme obtempéra sans discuter.
— Elle est courageuse et déterminée.
Il pencha la tête vers la cellule.
— Elle ne méritait pas ça.
Sharle y entra. Un homme gisait dans son sang et une épée était fichée
dans le mur. Lorsqu'il ressortit, Corg portait Litak qui tendit la main
vers celui qui l'avait sauvée :
— Merci.
L'homme saisit sa main délicatement.
— Merci à toi de m'avoir ouvert les yeux.
Elle lui sourit.
Elle parut soudain absente, puis elle se débattit pour que son père la repose par terre.
— Radgog et Laïna sont en danger !
Elle fit quelques pas en titubant et Urog la rattrapa dans sa chute. Il la soutint d'un bras :
— Guide nous !
Et
ils partirent tous en courant vers les escaliers, Corg portant sa
fille. Lorsqu'ils arrivèrent dans la cour, une porte s'ouvrit à la volée
et Bessilla apparut dans une vision d'horreur. Sa robe blanche était
couverte de sang, ainsi que son visage qu'elle avait frotté de sa main.
Elle tenait un arc, flèche encochée et corde tendue. Elle visait
manifestement Litak. Sharle s'interposa :
— Tout est fini ! Je sais
que tu as guidé Halbair vers le clan. Je sais que tu ne t'intéresses à
moi que par intérêt. J'étais là le soir où tu es arrivée ici. J'ai
entendu ta conversation avec lui. Tu n'auras rien. Ni Valfond, ni le
clan.
Elle eut un rire dément qui lui glaça le sang. Comment cette
femme-là avait-elle pu passer pour une douce jeune fille ? Comment
avait-elle pu le berner à ce point ?
— Eh bien, je vais pouvoir te
tuer. J'irai pleurer ta disparition auprès de ton père. Je suis certaine
de pouvoir le consoler. Il t'oubliera dans mes bras, il aura
l'impression de redevenir un jeune homme et il mourra, dès qu'il aura
fait de moi sa femme légitime. Tous les hommes sont les mêmes, des
tripuks ! N'importe quelle femme peut les mener par le bout du nez.
Combien de temps aurais-tu pu résister à mes avances à ton avis ? Sans
ce monstre, tu serais pris dans mes filets depuis longtemps. Mais
qu'est-ce que cette chose immonde peut avoir qui te retienne à ce point ?
Sharle n'eut pas à réfléchir, la réponse était évidente :
— Une belle âme, contrairement à toi. Tu as certainement la beauté, mais le seul monstre ici, c'est toi.
Elle poussa un cri de bête et décocha.
— NON !
Tous ceux qui en étaient capables perçurent ce hurlement, ainsi qu'une
onde de choc. La flèche dévia de sa trajectoire pour monter si haut
qu'elle quitta l'enceinte du bâtiment et toutes les armes subirent une
force qui les éloigna de Litak. Ceux qui ne les tenaient pas assez
fermement durent faire plusieurs pas pour les récupérer. Les orques qui
n'avaient pas connu la guerre attribuèrent ce qui venait de se passer au
légendaire « Hurleur ». Les autres se regardèrent interrogatifs.
Bessilla fut la première à cesser de s'interroger. Elle encocha une
seconde flèche sur sa corde en affichant un sourire mauvais, qui la
rendait laide. Elle commença à lever son arc, lorsque qu'une lame la
transperça par l'arrière. Sur son visage, la douleur se mêlait à la
surprise. Une jeune orque apparut derrière elle :
— Tu n'aurais pas dû tuer ma sœur. Plus jamais tu ne seras ma maîtresse ! Je suis libre ! Libre !
Bessilla s'écroula.
Urog appela paniqué :
— Litak ! Litak !
Il se tourna vers le père de la jeune fille :
— Elle ne répond pas !
Corg
se précipita vers sa fille, qu'il prit dans ses bras. Sharle s'approcha
rapidement et observa la demi-orque avec soulagement :
— Elle respire.
Litak ouvrit la bouche et murmura dans un souffle :
— Radgog, Laïna, Bénobog... Les sauver...
Sharle lui prit doucement la main.
— Où sont-ils ? Peux-tu nous y conduire ?
Elle ne répondait plus. Sharle chercha Farabert :
— Litak nous demande de sauver Radgog, Laïna et Bénobog. Sais-tu où ils sont enfermés ?
— Radgog et Laïna, oui, mais je ne connais pas Bénobog. Certaines
orques sont enfermés dans un endroit qu'ils appellent le trou, mais je
ne sais pas où cela se trouve.
— Bien, Urog, peux-tu accompagner Farabert avec quelques guerriers, je vais essayer de trouver ce Bénobog...
Il
se figea quelques instants, mais le colosse avait déjà donné ses ordres
et il courait derrière le jeune homme avec Darlak, Bratak et Gorak.
— Je te salue Général, ou préfères-tu que je t'appelle Hurleur ?
— Sharle, ce sera largement suffisant. Es-tu Bénobog ?
— Oui. Tu ne sembles pas surpris de me percevoir.
— Litak m'a déjà parlé de toi. Peux-tu me guider pour que je vienne te chercher ?
— Bien entendu.
Sharle appela ses soldats. Il ordonna à ses archers de rester avec Corg pour protéger Litak, les orques viendraient avec lui.
Ils se faufilèrent entre les anciens prisonniers qui commençaient à
détruire ce lieu qui avait vu tant de souffrances. Il envoya deux de ses
orques chercher le rafleur qui avait sauvé Litak, avec ordre de
rejoindre Corg une fois cela fait. Il ne tenait pas à ce que cet homme
ne meurt, lynché par des orques en colère, avides de vengeance. Il guida
le reste de ses soldats sur les indications que lui transmettait le
chaman. Ils arrivèrent dans un couloir barré par une lourde porte. Les
orques arrachèrent une poutre et s'en servirent comme d'un bélier pour
libérer le passage.
Commentaires
Enregistrer un commentaire