Les cendres de Tirwendel - Chapitre LXVIII
LXVIII
Tilou esquiva une
attaque de justesse et parvint à enfoncer son épée dans la poitrine de
son adversaire. Il se dégagea, cherchant le prochain troll à combattre,
lorsqu'il entendit un sifflement étrange accompagné de petits
craquements. Du coin de l'œil, il vit alors trois trolls s'écrouler,
touchés par d'étranges projectiles de glace. Il chercha l'origine de ce
tir pour le moins surprenant, il aperçut un troll étrange, enveloppé
dans une sorte de cape de cuir. Il avait l'impression de l'avoir déjà
vu, mais il n'avait pas le temps de s'interroger à ce sujet. Le troll
semblait converser par signe avec quelqu'un. Le jeune forgeron tourna
son regard dans la même direction que lui et constata avec horreur que
Naëwen était de leur côté du fleuve, et qu'un troll effrayant
s'approchait d'elle par derrière, sans qu'elle ne s'en soit rendue
compte.
Il hurla :
— Naëwen attention derrière toi !
La
jeune elfe s'était pourtant déjà retournée et tentait de tirer sur son
agresseur pour l'abattre, mais celui-ci parvenait à se protéger en
intercalant sa masse de combat entre lui et les flèches.
Tilou esquiva une nouvelle attaque, lacéra un abdomen et s'approcha de Alnard :
— Naëwen est en danger !
Rulna lui répondit sans cesser sa danse mortelle :
— Va l'aider ! On est là pour ça non !
— Merci !
Le jeune forgeron rompit le combat et se précipita vers l'elfe qui avait délaissé son arc et saisit sa dague.
Zol'Kor s'approchait d'elle avec un rictus assassin :
— Enfin ! Te voilà à ma merci. Tu vas regretter de m'avoir fait courir dans cette maudite forêt !
Naëwen laissa transparaître aucune crainte :
— Zol'Kor ! Rien ne t'obligeait à autant d'efforts pour une misérable elfe insignifiante.
Il ricana :
— Insignifiante ? Tu le seras bientôt ! Dernière reine d'un peuple sur
le point de s'éteindre. Je te laisserai vivre pour assister à ce
spectacle, puis je prendrai mon temps pour t'envoyer rejoindre ces
créatures pitoyables qui se croyaient être assez puissantes pour dominer
le monde...
Il cracha par terre, puis, dans un mouvement aussi
brusque de fulgurant, il se projeta vers Naëwen pour tenter de
l'attraper. La jeune elfe parvint cependant à faire un bond en arrière
avant de fendre l'air avec sa dague et de lacérer le bras du troll.
Zol'Kor replia prestement son bras et massa sa blessure avec un sourire
sardonique :
— C'est qu'elle mord encore ! Ne t'inquiète pas, je vais t'en faire passer le goût !
Tilou
se précipita sur le troll, l'épée levée pour l'abattre sur lui, mais
Zol'Kor se retourna avec une rapidité surprenante pour une créature
aussi imposante, et il para l'attaque du jeune homme avec sa masse, sans
se départir de son sourire :
— Tu aurais mieux fait de la laisser
pourrir au fond de cette rivière, tu lui aurais épargné bien des
souffrances et tu aurais vécu plus longtemps.
Tilou haussa les épaules avec un air faussement désolé :
— C'est l'histoire de ma vie, beaucoup de choses que j'aurais mieux fait de ne pas faire...
Il fouetta l'air avec son épée pour garder le troll à distance :
— Seulement ce sont ces choses-là qui rendent la vie intéressante.
Zol'Kor ricana :
— Pauvre fou ! Tu vas mourir ici et aujourd'hui !
— On doit tous mourir un jour, toi aussi, tu sais !
Tilou tenta un coup d'estoc que le troll para sans difficulté :
— Pitoyable !
Néanmoins,
le jeune forgeron, qui avait anticipé la réaction du troll, en profita
pour se placer entre Naëwen et leur ennemi, avant de relancer une
attaque de taille. Zol'Kor tenta une esquive, mais trop lent, il fut
touché superficiellement au torse. Il poussa alors un cri de rage et
chargea le jeune homme à grands coups de masse. Mais l'arme du troll,
trop lourde, était lente à manœuvrer, ce qui permettait à Tilou
d'anticiper et d'esquiver, tout en guettant l'ouverture qui lui
permettrait de frapper.
Soudain, Zol'Kor tenta un coup de revers trop
long, ouvrant ainsi totalement sa garde. Le jeune homme se jeta alors
en avant pour placer une estocade, mais le troll le repoussa d'un
violent coup de pied à l'abdomen qui projeta le jeune forgeron contre un
tronc d'arbre. Tilou s'écroula, inconscient.
Le chef de guerre s'approcha alors de Naëwen :
— Les alliés que tu t'es trouvés n'y changeront rien ! Tu seras la dernière reine des elfes et ton peuple va s'éteindre !
Il
leva sa masse pour la frapper, elle plongea et roula entre ses jambes
en lui entaillant une cheville, ce qui eut pour seul effet de décupler
la rage du chef de guerre. Il lança un vaste coup circulaire avec sa
masse, qui obligea l'elfe à se baisser pour esquiver, et dans la foulée,
il la frappa du pied avant qu'elle n'ait eu le temps de se relever.
Elle roula plusieurs fois sur elle-même avant de s'immobiliser en se
tenant les côtes.
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